Interview exclusive avec Christophe Peschoux, ancien haut-fonctionnaire au Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, proche du dossier Assange, à un moment charnière de cette affaire.
Assange: le procès de nos libertés | Christophe Peschoux (18 min) JOURNALISME EN DANGER
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Radio Libre a reçu Christophe Peschoux, ancien haut-fonctionnaire au Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme proche du dossier Assange, pour un point de situation sur la procédure d’extradition vers les États-Unis du journaliste de Wikileads, qui devrait être tranchée prochainement.
Julian Assange n’a commis aucun crime, c’est un journaliste, c’est un éditeur. Le procès qui est fait à Assange c’est quand même le procès qui oppose ce qu’on appelle l’État profond, c’est à dire les véritables pouvoirs qui sont derrières nos pouvoirs politiques et le droit des citoyens de savoir exactement ce que font les États, ce que font les gouvernements qu’ils élisent, en leur nom. C’est donc une bataille importante de notre temps, ce n’est pas juste une bataille pour un individu.
Pour Christophe Peschoux, le cas Assange est une « situation complètement inique au regard de la simple moralité et du droit international ».
Il constate qu’à l’inverse, aucune des révélations sur ce que l’armée américaine a pu faire en Irak ou ailleurs (crimes de guerre) n’ont fait l’objet de condamnation, au contraire, les États-Unis ont passé des accords avec environ 80 États pour éviter d’être mis en examen.
Pour lui, le combat de la famille Assange est le combat de tous ceux qui sont attachés aux libertés fondamentales et aux principes de base sur lesquels sont fondés nos démocraties : la liberté d’expression, la liberté d’information, le droit à la vie privée, le droit des citoyens de savoir ce que les états et les gouvernements qu’ils élisent font en leur propre nom, donc le droit à la transparence et puis le droit tout simplement à la justice et à la vérité.
Si Julian Assange est jugé aux États-Unis, ça veut dire que les États-Unis s’arrogent le droit de faire appliquer leur droit pénal de manière extra-territoriale, c’est à dire au-delà de leurs frontières. Ça veut dire que n’importe qui, qui fait son travail d’investigateur, que ce soit des journalistes ou des investigateurs des droits de l’Homme par exemple, peuvent être accusés de révéler des secrets et d’être poursuivis pour ce faire. Ça va créer un précédent qu’un autre État puissant pourra utiliser contre tout journaliste, chercheur, investigateur ou un enquêteur des droits de l’Homme pour se retourner contre cette personne s’il met en danger leurs intérêts. Ça veut dire qu’il n’y a plus de liberté d’enquêter.
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