Le gouvernement suisse viole le code pénal et l'état de droit pour sauver Crédit Suisse. Décryptage avec l'économiste Liliane Held-Khawam.
Liliane Held-Khawam: nos avoirs à risque? Entretien Liliane Held-Khawam
Aaaah, le Conseil fédéral, Graal de toute carrière politique, vu d’en bas on a l’impression qu’ils sont tout puissant, et ils le sont quelque part, notamment grâce au manque de réaction de la société civile.
Sur de plus en plus de dossiers, le gouvernement suisse ne travaille plus dans l’intérêt de la société civile et de la Constitution qu’ils ont pourtant juré de servir, mais pour les intérêts économiques d’entités toute-puissantes.
Par contre pour payer les pots cassés, là la société civile n’est pas oubliée.
L’affaire du Crédit Suisse une fois de plus montre tous les symptômes de cette dérive devenue systématique.
Selon le Financial Times, UBS et Credit Suisse auraient fusionné sous pression américaine.
Radio Libre a reçu l’économiste Liliane Held-Khawam, connue de longue date pour alerter la population via son blog et ses livres sur les risques d’une gouvernance mondialisée.
Dans cet entretien elle éclaire les événements récents entourant le Credit Suisse, à la lumière d’une perspective plus large.
Elle démontre notamment que dans cette affaire, le gouvernement et l’administration bafouent l’état de droit avec des tours de passe-passe qui mènerait n’importe quel citoyen normal au pénal, en décrétant au passage immunité pour les impliqués et nullité de la loi sur la transparence pour cacher tout ça.
De plus, aucune limite n’est fixée dans le montant des aides que l’État s’engage, avec nos avoirs, à injecter dans ces banques systémiques, via une Banque national suisse en roue libre et leurs sous-traitants privés.
Open bar pour les banquiers sans scrupules et leurs actionnaires.
Bonne écoute.
Quelques passages marquants
(avec quelques libertés de la rédaction pour les synthétiser)
« Le Credit Suisse a été nationalisé quelques secondes, le temps de le refiler à UBS »
« Quand la ministre des finances, les représentants de la Banque national suisse et de la FINMA ont appelé le patron de l’UBS pour lui dire qu’il doit racheter Credit Suisse, ils sont passés outre tout le code des obligations. Si nous deux on ferait la même chose, ce serait du pénal. »
« La Constitution dit bien que sont égaux devant la loi, donc au jour d’aujourd’hui, on devrait demander à ce que ces responsables de banques systémiques soient entendus par des représentants de la Justice, ce serait un minimum. »
« Il se passe quelque chose là dans l’opacité la plus absolue. »
« L’essentiel des activités de la BNS a été sous-traitée à des entités privées. »
« C’est curieux qu’une ordonnance exclut une loi fédérale, on peut quand même s’en étonner, non? Et à la fois, pas trop, car la Banque nationale suisse ne veut pas qu’on sache ce qu’elle fait. »
« Si c’est le trafic de paiement suisse qui est engagé là-dedans, on a besoin de le savoir, c’est notre argent, pas le leur. Est-ce qu’il est libre, est-ce qu’il est à disposition des banques ou est-ce qu’il est engagé dans le bilan de la banque centrale. »
« À mon avis, la BNS a été au-delà de son mandat. »
« En été 2022, la BNS a vendu des Euros à perte, c’était peut-être déjà lié aux problèmes du Crédit Suisse. »
« La flambée des prix est due au fait que le nombre d’acteurs sur le marché a diminué drastiquement. Dans mes livres, j’ai parlé d’oligopoles par secteur d’activité. Et si vous allez derrière, au niveau de l’actionnariat, vous retrouvez les mêmes. On est dans un marché qui n’existe pas, qui est absolument faussé, ils peuvent vous imposer les prix qu’ils veulent. Il reste encore des labels, des marques, mais dans les faits, derrière, tous les grands acteurs sont dans les mains que quelques uns de la haute finance globalisée. Ces acteurs ne sont pas capables de prendre des décisions stratégiques, derrière il y a des stratèges qui travaillent pour Blackrock, Vanguard un Mc Kinsey. C’est un système très complexe qui s’est mis en place, qui est très opérationnel, qui est très efficace, on ne peut pas trouver un coupable. Malheureusement ils jouent contre le public. »
Liens
Bêtisier
L’analyse du sauvetage de Crédit Suisse demandé par le Département des finances a été confiée à Manuel Ammann, un professeur de l’Université de Saint-Gall. La « Wochenzeitung » révèle qu’il est aussi à la tête d’un institut sponsorisé par Crédit Suisse.
L’homme chargé d’analyser le sauvetage de Credit Suisse par la ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, n’est autre qu’un professeur de l’Université de Saint-Gall : Manuel Ammann. La pertinence de sa nomination interroge.
Bien que renommé dans son domaine, Manuel Ammann occupe également la fonction de directeur académique du HSG Center for Financial Services Innovation. Et cet institut, comme le révèle la Wochenzeitung, est sponsorisé à hauteur de dix millions de francs par Credit Suisse.
https://www.woz.ch/2313/cs-crash-die-aufklaerung/der-bock-der-gaertner-und-die-puk/!EFF7011SE2WD
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